Histoire de l’Ube aux Philippines​

Histoire de l'ube

Histoire de l’Ube aux Philippines​

L’ube, ou igname pourpre, est l’un des trésors culinaires les plus emblématiques des Philippines. Ce tubercule violet, connu sous le nom scientifique de Dioscorea alata, n’est pas seulement un ingrédient : c’est une véritable institution culturelle. Cultivé depuis des siècles dans l’archipel, l’ube fait partie de l’héritage culinaire transmis de génération en génération. Il est omniprésent dans les fêtes traditionnelles, les repas familiaux, et aujourd’hui, dans une gastronomie en pleine redécouverte.

Aux Philippines, on trouve l’ube dans des desserts traditionnels comme le halaya ube – une confiture dense et sucrée faite avec de l’ube râpé, du lait concentré, du lait de coco et du beurre. Il est souvent servi dans les célébrations comme Noël, Pâques ou les anniversaires. Cette confiture est parfois utilisée comme garniture pour les bibingkas, les puto (gâteaux de riz vapeur), ou même pour des pandesal (petits pains) fourrés à l’ube.

Au fil des années, l’ube s’est transformé en véritable symbole d’identité nationale. Sa couleur intense, unique dans le monde végétal, a inspiré des chefs pâtissiers, des artistes culinaires et des entrepreneurs à réinventer les classiques. On le retrouve aujourd’hui dans des ube cheesecakes, ube donuts, ube latte, ou même dans des créations de haute pâtisserie à Manille, Paris ou Los Angeles.

Mais cette reconnaissance internationale est récente. Pendant longtemps, l’ube est resté un aliment de base local, cultivé dans les campagnes par des familles philippines pour leur consommation personnelle. La récolte d’ube, qui intervient généralement à la fin de l’année, est un moment important : les familles creusent la terre à la recherche de ces tubercules massifs, souvent tordus et imprévisibles dans leur forme, mais précieux pour leur goût et leur valeur nutritive.

Ce lien intime entre l’ube et la terre se reflète aussi dans les mythes et les traditions orales. Dans certaines régions des Philippines, on dit que l’ube est un « tubercule sacré », qu’il ne faut jamais insulter ou jeter au sol sans respect, sous peine d’attirer la malchance. Ces croyances montrent à quel point ce tubercule est profondément enraciné dans la culture locale.

La diaspora philippine a également joué un rôle clé dans la diffusion de l’ube à travers le monde. Aux États-Unis, au Canada, en Europe ou au Moyen-Orient, les familles philippines expatriées ont amené avec elles leur amour de l’ube, l’utilisant dans des recettes transmises de mère en fille, de lola (grand-mère) en petite-fille. Aujourd’hui, des enseignes de desserts comme Jollibee ou House of Ube proposent des produits à base d’ube à l’international.

L’ube est donc bien plus qu’un ingrédient : c’est un symbole de transmission, de famille, de communauté et de créativité culinaire. Il représente l’âme sucrée des Philippines, enracinée dans la terre, sublimée dans les traditions, et aujourd’hui propulsée sur la scène mondiale.

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